vendredi 30 juin 2006

retour au bercail

ce post ravira les amateurs de tourisme berlinois, de littérature britannique et de bricolage.

et de foot.

il est six heures et quart, et je sors du taf. après la semaine la plus satisfaisante depuis que je bosse ici, c'est le week-end. un week-end bien mérité.

on peut pas dire qu'y ait eu vraiment foule aujourd'hui, dans les bureaux. la matinée et l'après-midi ont vu quantités de mails annonçant "hdo", pour half day off. celui de mon pote peter, "hdo, for the best interest of the country", m'a bien fait rire. du coup, la fin de journée a été calme et silencieuse, propice à la réflexion ou à la sieste, pour les quelques bonhommes restés là.

le match (l'allemagne contre l'argentine) a commencé à 17 h; on doit pas être loin de la fin. je sors de l'immeuble à voile, et je me dirige vers kurfurstendamm, avec un objectif : bauhaus, mon magasin de bricolage favori. je dois bien être le seul dans toute l'allemagne, à cette heure-ci, à m'acheminer vers un magasin de bricolage afin de me procurer une mèche de 3 millimètres pour perceuse électrique. je serai prêt à parier là-dessus. quelque part, ça me fait plaisir.

je tourne au coin, et me voilà sur kudamm. je sens immédiatement la tension ambiente. les rues sont littéralement vides. j'arrive à l'intersection kudamm-joachimstrasse. le feu piéton est rouge : je traverse. ce n'est pas la peine de regarder à gauche ou à droite, il n'y a pas de voitures, pas de bus, pas de vélos. j'ai l'impression de traverser une ville abandonnée, ou une gare désaffectée. je passe devant une imbiss complètement vide; même le tenant du lieu a disparu. normal, il n'y a pas de télé.

on doit plus être très loin de la fin du match, maintenant. de temps à autre, une grande clameur se fait entendre. je me demande quel est le score. je m'approche d'un bar qui, comme la plupart des établissements de ce genre, a profité de l'occasion pour sortir son tout nouvel écran plasma dans la rue. j'ai du mal à me frayer un passage, mais ça y est, j'aperçois le score : 1-0, pour l'argentine. et il reste moins de 5 minutes de jeu. je comprends mieux. l'allemagne a chaud.

à chaque pas, je suis conscient que quelque chose peut se passer. je suis à peu près certain que d'ici quelques secondes, l'allemagne aura perdu. je continue ma petite balade, et j'arrive enfin au bauhaus. j'entre. j'ai l'impression d'être le seul client. je descend à l'étage inférieur. on entend une radio, ou ce qui semble être une radio, retransmettre le match, mais toujours personne. manifestement, je suis non seulement l'unique client, mais aussi l'unique être humain dans la boutique. pas grave.

je souris à l'idée que je me trouve sans doute dans le seul endroit du coin qui possède des télés, et sur lesquelles on ne voit pourtant pas de foot. à la place, ce sont les habituelles vidéos de promotion d'accessoires de bricolage, avec la toute nouvelle colle révolutionnaire et la gamme de couteaux en acier inoxidable garantis à vie, pour seulement 29 € 99. si vous avez déjà mis les pieds dans un magasin de ce type, vous voyez parfaitement ce que je veux dire. sinon, imaginez-vous simplement le téléachat, c'est à peu près ça.

je tourne un peu dans les rayons, en essayant de trouver, nom de dieu, où c'est qu'ils mettent leurs mèches pour perceuse, bordel. j'entends toujours les commentaires et l'ambience du stade à la radio, mais toujours aucune retransmission télévisée. on ne doit plus être loin de la fin. ça y est, je suis enfin devant les mèches. ah, un vendeur, un gros allemand rougeot, l'archétype même. je lui demande où sont les mèches à bois, et il m'indique que les mèches à acier font aussi le bois, tant mieux. j'en chope quelques unes, et je me dirige vers les caisses. où devrais-je dire la caisse, puisque toutes les autres sont fermées, pour cause de match ou absence de client, ce qui revient d'ailleurs au même. en parlant d'ailleurs, ma caissière a pas l'air bien concentrée, elle ne cesse de se retourner. pourtant, je vois aucun écran derrière elle. bon. je paye (8 € 90) et je sors, satisfait. tout est toujours aussi silencieux. qu'est ce qu'y se passe ?

je m'approche à nouveau d'un bar. impossible de rentrer pour jeter un oeil à l'écran, il y a trop de monde. mais à voir tous ces gens entassés, j'ai quand même la réponse à ma question : l'allemagne a sans doute égalisé. pendant qu'ils font durer le plaisir, je m'oriente tranquillement vers la station de u-bahn wittenbergplatz... on se croirait dans un jeu d'aventure non ?

je rentre dans le métro. à part moi et un autre mec, le wagon est vide. je sors mon bouquin, thérapie, de l'anglais david lodge. ce bouquin est un régal. en deux mots, c'est l'histoire d'un type, lawrence passmore, auteur de séries télé à succès, qui a mal au genou. sur les conseils de sa psy, il se lance dans l'écriture d'un journal, à travers lequel on apprend, petit à petit, que son malheur ne s'arrête pas à son genou, malgré une vie réussie à tout point de vue (hormis une totale calvitie). si vous savez apprécier l'humour britannique, je vous recommande très chaudement la lecture de ce bouquin. en ce qui me concerne, quand je suis dedans, je peux pas m'empêcher de sourire bêtement.

après 10 minutes, le u-bahn, jusque-là aérien, rentre sous terre. on arrive à postdamer platz. quasiment personne sur le quai. pour la première fois depuis que je prend le métro à berlin, les portes de mon wagon ne s'ouvre pas à cette station, qui d'habitude laisse entrer un flot compact de touristes. inquiétant. je me replonge dans david lodge.

nous voilà maintenant presque arrivé à alexanderplatz. une voix parle dans le micro du wagon. ma maîtrise totale de l'allemand me permet de comprendre que la rame ne va pas plus loin, et qu'il faudra impérativement sortir à alexanderplatz. les portes s'ouvrent, et je m'exécute. je continue de bouquiner sur le quai presque désert, en attendant le prochain train. le panneau indique 1 minute d'attente. le voilà, je remonte.

deux stations plus loin, je descend à nouveau. après une demi-heure de métro, me voici à senefelderplatz. je sors de la station. la ville est toujours aussi calme; normal, on doit en être à la moitié des prolongations, à peu de choses près. encore 5 minutes de marche. je me dirige peinard vers chez moi.

en passant devant le biergarten, je peux pas résister. j'entre, et je m'approche de la foule. au début, je ne vois même pas l'écran. je me roule une clope, et après quelques efforts, j'aperçois les allemand et les argentins sur leur gazon. les 15 dernières minutes du temps additionnel s'apprêtent à commencer. je savoure. les gens ont le cou tendu vers la télé. ça fume, ça boit. autour, c'est plein de gamins qui, clairement, n'en ont rien à battre.

toujours point de but. le présentateur annonce "nur vier minuten". comme je trouve le moment particulièrement propice, je me décide à faire ce que personne ici n'oserait imaginer : je me casse. je sors du biergarten, et je fais les cent derniers mètres qui me séparent de chez moi. je m'inquiète pas, je suis sûr de trouver au moins une télé en chemin.

me voilà presque en face de la porte de mon immeuble. je la dépasse, et m'approche des gens amassés en face de l'écran, à la terrasse du bar d'à coté. les tirs aux buts commencent juste. les allemands scandent le nom de leur gardien, jens lehmann. c'est tendu. à chaque but allemand, c'est l'explosion. à chaque but argentin, un long "neiiiiin" désespéré...

ça y est, c'est le but décisif. si l'allemagne marque, elle a gagné. la tension est à son comble. tout le monde retient son souffle. certains se tiennent la tête entre les mains, au cas où. le joueur s'élance, le ballon part... et rentre dans les buts argentins... victoire !

samedi 24 juin 2006

au fait, et l'ina ?

alors voilà, je tenais juste à vous rappeler que l'institut national de l'audiovisuel a récemment mis en ligne 100 000 (oué oué, cent milles) émissions de télé et de radio, accessibles simplement et gratuitement (sans avoir à se loger une balle) et même un truc ouaib qui marche tout à fait pour de vrai...

alors je vous invite quand même à aller y jeter une paire d'yeux, au cas-où y pourrait y avoir un ou deux trucs intéressants d'on sait jamais, un bon ptit docu des années 30, une pub érotique des années 60, j'sais pas moi.

cliqu'zy voir sul machin là, http://www.ina.fr/archivespourtous/.

mardi 6 juin 2006

455

aujourd'hui, j'ai reçu un mail de spam.

"ho, un pourriel, mais c'est terriblement bouleversant !", ouïs-je. bon d'accord, en réalité j'entends "on s'en cogne grave la boutanche de ton spam", mais j'essaie de traduire pour mon lectorat érudit à tendance tristement minoritaire.

bref. j'ai donc reçu un mail de spam (on essaie d'avancer un peu maintenant), mais pas n'importe lequel. voyons cela :

From: Beaune
To: Beaune
Subject: 455

5556
voilà, c'est déjà pas mal, mais quand même, c'est tout. bon petit un, tout le monde connaît mon nom, comme quoi l'anonymat sur le net c'est pas gagné déjà. ah vindieu ! mon nom est dans mon email de toute façon. okay, tranquille.

allez, décorticons ensemble ce chef-d'oeuvre de littérature minimaliste. on commence par la partie facile, 5556, autant dire le corps du message. tout le monde connaît interstella 5555 des daft punk, je vous fais pas un dessin, d'autant que j'ai oublié mes crayons de couleur en classe. 5556, c'est tout naturellement 5555+1, c'est-à-dire la suite du premier épisode. en plus ça tombe bien, en ce moment c'est festoche d'anim' à annecy, comme quoi on me la fait pas, en général je tombe pas trop dès la première pluie.

(eh voilà, à force de raconter n'importe quoi j'ai raté le téléphone sonne sur inter... 'té.)

là où ça devient quelque peu ardu, c'est au niveau du 455 dans le sujet du bignou. en fait, à part un certain air de famille avec le sujet de mon post, je cale méchamment et même wikipedia n'est d'aucune utilité. il est possible que ce soit une information relative au 5556, on note d'ailleurs une certaine similarité au niveau des 5, et puis 5556 = 455 + 5101, comme quoi le monde est quand même relativement bien foutu.

trou, c'est pas toi qui m'envoie des mails bizarres pour essayer de me faire croire à la théorie du complot, hein ?