mardi 22 novembre 2005

un con chez les douze apôtres

aujourd'hui, je vous narre mon repas de midi. non, c'est pas folichon comme sujet, je suis au courant, mais y a quand même de quoi bien rigoler de temps en temps. il suffit de savoir quoi dire et où regarder.

comme d'hab, midi vingt-six, l'heure du pastis, un petit troupeau de types sort de l'immeuble à voile, fanasanentrasse 81, et se dirige le plus lentement possible vers un endroit chaud et doté de cuisiniers, pour passer la prochaine heure (une heure et demi quand tout le monde est en forme). bref, en un mot comme en cent : on s'casse pour bouffer.

la troupe habituelle, plus ou moins. t. est là, comme chaque jour, et pour une fois k. se joint à nous, ça lui prend de temps en temps. à ce stade de l'histoire, il faut quand même que je vous donne deux détails importants sur les types en question, afin que vous puissiez apprécier l'humour de la situation. le premier truc à savoir, c'est que t. et k. peuvent pas se blairer. le deuxième, c'est qu'en principe ils ont passé l'âge d'être des gamins, et à vu de nez je dirais 40 piges chacun. apparement ils étaient grand potes dans le temps, mais c'est de l'histoire ancienne, et l'époque des rides à vélo dans les rues de san francisco est clairement révolue.

donc, après d'âpres discussions, entre ceux qui sont chiants "moi j'aime pas les sushis" et ceux qui sont relous "non pas chez le chinois, sa soupe on dirait de la morve avec des bouts de graisse animale", on se décide finalement à prendre la direction de la pizzeria zwölf apostel, rue bleibtreustrasse (c'est pas possible un nom de rue pareil, et pourtant si), plus par défaut que par réel choix. oui, on n'est que mardi et il faut encore trouver des idées pour les trois prochains jours, je sais.

arrivé au resto, nous, pas cons, on s'arrange pour qu'à table t. et k. se retrouvent l'un en face de l'autre, parce que franchement ils sont trop marrants ces deux-là tellement ils s'aiment pas. à ce moment là je les vois se dire, chacun dans sa tête respective, "merde j'aurais pas dû venir avec eux aujourd'hui, j'me retrouve avec cette tête de con en face, super le déjeuner". et du coup ça rate pas, ils peuvent même pas rester droits sur leur chaise; après 15 secondes, ils pivotent discrètement sur leur chaise et s'assoient tout les deux de travers, afin d'installer, si possible dans la durée, une conversation passionnante avec le voisin de secours le plus proche. ça a été comme ça tout le repas. ah si, ils se sont quand même parlé à un moment donné, mais pas plus de 4 secondes car k. n'a rien compris de ce que t. racontait. bref, en ce qui me concerne, j'ai bien rigolé intérieurement à les voir, des vrais gamins.

une demi-heure plus tard arrive l'heure de l'addition, l'heure du drame comme diraient certains, mais alors ceux-là sont sans doute parisiens, parce que moi j'ai payé trois euros à midi, pour une demi-pizza au saumon et à la crème fraiche pas piquée des hannetons, comme qui dirait. donc, le serveur se pointe avec sa calculette et son énorme porte-monnaie, et commence à encaisser les dollars. ça arrive à moi, il me regarde, je sors un "drei fünfzig" ferme et volontaire, parce que les nombres en allemand je maîtrise grave, mais soudain, c'est le drame. le mec fait une gueule pas possible, sors un truc qui, au bruit, s'apparente à une insulte, et se casse. moi, je suis toujours là, avec mes 5 euros 50 dans la main, et j'en crois pas mes yeuxreilles. on m'explique que, manifestement, il n'est pas content que je lui tende pas 3 euros 50 pile-poil. merde, c'est pas un billet de 500 euros que je lui file, c'est 5 euros, plus, comme je suis aimable, une pièce de 50 centimes en pourboire. t'avais pas 2 euros dans ton porte flouze gros con ? (et là vous je suis plus aimable du tout, vous aviez noté.)

une minute plus tard, la gueule effroyable se ramène, grommelant des trucs pas possibles que je pige pas. moi, un brin enervé par l'attitude du mec, je le regarde à nouveau et je lui signifie "drei" en faisant la gueule, histoire qu'il comprenne bien que son pourliche il peut se l'enfourer. les trois qui payent après moi sont solidaires et font de même, prêts à lui bondir dessus et à intenter à son intégrité à la première encartade (ok là j'en rajoute un peu).

non mais sans déconner, c'est quoi cette attitude de merde ? chez l'autre italien, de l'autre coté de la place, la dernière fois qu'on s'est pris la tête avec un serveur, ça a aussi été la dernière fois qu'on a foutu les pieds dans son resto. le mec s'était emballé pareil (mais en italien cette fois, c'est quand même la moindre des choses, surtout quand on en vient aux insultes) parce qu'un copain réclamait un verre de vin au lieu d'une carafe. manque de pot, y avait deux italiens parmi nous, et ils en ont pas perdu une miette. eh non cher ami serveur, on se tape pas une carafe de pif à la pause déjeuner, c'est une drôle d'idée je sais, mais finalement c'est un principe assez couramment accepté. depuis, chez aïda, c'est finito (mais pas chez zwölf apostel, parce que sinon, à ce train là, on va finir par se faire des sandwichs dans les cuisines d'étage).

en plus, il avait vraiment un nom horrible, le resto où on va plus. aïda. rien que d'essayer d'imaginer à quoi elle pourrait ressembler, ça me coupe l'appétit.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Rentre dans le tas la prochaine fois frangin.. Z'ils méritent. Pis apres bouffé, un bon coup de boule, c'est encore mieux qu'un shooter de génépi